Une femme et deux enfants sont séquestrés dans une cave par un écrivain. Il les élève dans l’idée qu’ils sont des monstres et que dehors, les humains peuvent les tuer. Mais le tortionnaire est victime d’un malaise cardiaque, alors qu’une menace d’inondation provoque l’évacuation des habitants. Les enfants s’échappent. La femme et son geôlier finissent dans le même hôpital. Commence alors une course poursuite pour retrouver des enfants qui ne veulent pas être sauvés.
« Nous sommes des monstres. C’est le nom que nous donnent les autres car nous sommes différents de ce qu’ils sont ou connaissent. S’ils savaient que nous nous terrons ici, ils nous enfermeraient dans des cages encore plus étroites pour nous étudier.»
Maud Mayeras ne laisse pas de répit au lecteur : là où d’autres auraient bouclé leur roman avec le sauvetage de la jeune femme, l’autrice prolonge son récit par la traque des enfants. Pendant cette traque, la jeune femme raconte par bribes ses années dans le terrier. Le monde extérieur a disparu au profit des contes fantastiques écrits par son ravisseur afin de conditionner les enfants.
Jeu de miroir pour ces enfants. Ils savent qu’ils sont des monstres puisqu’on le leur a inculqué. Quant à celui que les humains qualifient de monstre, il est leur unique sauveur. Tout est question de point de vue. Dans la tête de ces gosses qui regardent notre monde comme une terre hostile, les monstres, c’est nous. L’ennemi n’est pas celui qui les a maintenus en esclavage depuis leur naissance.
Les monstres de Maud Mayeras commence comme un conte fantastique et se transforme petit à petit en polar haletant, grâce a un style qui mord le lecteur de bout en bout. Une plongée totale dans un univers confiné.
Maud Mayeras, Les Monstres, Éditions Anne Carrière, 2020, 299 p. 19 euros