Si vous avez aimé l’humour de la série Bored to death, il se pourrait que le roman Il s’appelait Doll de Jonathan Ames soit pour vous. L’auteur américain, créateur de la série, prend un ton plus sombre dans ce livre hardboiled à l’humour désespéré.
Comme tout héros de roman noir, Hank Doll ancien flic, traine des casseroles, et se shoote au joint et aux calmants. Détective privé, ça ne paie jamais, la nuit il officie comme vigile dans un salon de massage. Au bar qu’il fréquente, la serveuse Monica a tout d’un début d’histoire d’amour compliquée. Et puis un jour son meilleur pote lui demande de lui donner son rein. Dès lors, les emmerdes s’accumulent.
Déjà vu, déjà lu. Oui mais. Doll n’est pas une coquille vide, il va vous émouvoir. L’auteur parvient à planter une personnalité haute en couleurs mais crédible, dans son attachement à son chien comme dans sa relation avec une psy. N’oublions pas la ville de Los Angeles, un des incontournables décor de roman noir. Repensez aux collines et aux rues qui grimpent et sinuent, aux images du Privé de Robert Altman. Vous y êtes. N’oublions pas l’écriture typique du roman noir, avec sa violence et ses tournures qui font mouche. « J’ai commencé à lui faire un massage R.C.P. en appuyant sur sa poitrine avec la paume de mes mains, mais j’avais l’impression de m’acharner sur un sac rempli de cintres. »
Après une accumulation de cadavres bien comme il faut, Jonathan Ames boucle son histoire. Il nous offre au passage un scène effrayante où son héros envisage de perdre ses organes un à un jusqu’à la mort. C’est l’amour qui le sauvera, mais il ne l’a peut-être pas reconnu à temps… Le lecteur, lui, admet que c’est parfois dans les vieux pots qu’on trouve encore les meilleures recettes.
Autre chronique chez Actu du Noir et Nyctalopes.
Caroline de Benedetti
Jonathan Ames, Il s’appelait Doll, éditions Joëlle Losfeld, 2024, traduit de l’américain par Lazare Bitoun, 23 €, 224 p.