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City Hunter de Tsukasa Hojo

City Hunter de Tsukasa Hojo

Toute une génération née dans les années 70 garde en mémoire les exploits des filles de Cat’s Eyes. Le mangaka à l’origine de cet animé a crée une autre série, City Hunter, centrée sur un personnage de nettoyeur, macho et beau gosse. On le connait en France sous le nom de Nicky Larson. Un genre de James Bond mâtiné de Rambo, tout un poème… qui a été largement censuré pour pouvoir être diffusé sur le Club Dorothée.

Ryo Saeba, dit City Hunter, est obsédé par les femmes, par leur corps surtout. Il tente de les regarder, voire de les toucher par tous les moyens. Ultra genré, le personnage principal en est à la fois risible et ringard. C’est tellement gros que cela devient presque attachant ou… franchement agaçant.

L’arc narratif général – un éternel affrontement contre un grand méchant – donne lieu à des histoires absurdes autour de la violence et du sexe, sans jamais trop en montrer graphiquement. Point de vue du trait, City Hunter de Tsukasa Hojo n’est pas sans rappeler Ric Hochet. Les deux héros partagent l’époque, les années 80. Parfois, une nostalgie étrange s’échappe des planches de ce manga.

On retrouve par ailleurs dans City Hunter des éléments fondateurs du roman feuilleton ou du polar. La série fonctionne sur les même schémas qu’Arsène Lupin (avec ses rebondissements et les actions cachées de son héros) ou Sherlock Holmes pour la série d’affrontements contre des supers méchants à la solde d’un super super méchant. La résolution des affaires est parfois surprenante, et la chute a son importance.

À la lecture des trois premiers volumes on sent une évolution des personnages malgré la répétition des situations. Cette évolution se fait aussi bien dans l’absurde (à partir du troisième volume Ryo Saeba se met à parler à son sexe en érection) que dans l’exploration de la relation entre Ryo et Kaori (les deux seuls membres de la société XYZ qui gère les affaires du City Hunter). On notera que seules les femmes peuvent demander les services du City Hunter, Ryo ne prend pas de client masculin. Chaque mission met en avant une personne avec ses problèmes et sa personnalité. Ryo et sa collègue Kaori deviennent alors des passeurs d’histoires et des raccommodeurs de destinées.

Panini manga réédite les aventures de City Hunter de Tsukasa Hojo en version de luxe avec des pages colorisées dans un format plus grand que la précédente édition chez J’ai Lu. Tsukasa Hojo arrivera-t-il à tenir les lectrices et les lecteurs pendant 37 volumes ? Nous en reparlerons.

Emeric Cloche