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The Fable de Katsuhisa Minami

The Fable de Katsuhisa Minami

« Mes vacances commencent aujourd’hui, j’imagine que je vais devoir vivre paisiblement pendant un an. » – The Fable de Katsuhisa Minami

Fable est un tueur à gages qui travaille pour le compte d’une puissante organisation. Le boss lui a ordonné de prendre une année sabbatique : pas de flingue et pas de meurtre. Sinon c’est la mort, pour lui et pour son chauffeur. Mais Fable n’arrive pas à se séparer de son pistolet Night Hawk, pas plus que de ses réflexes de pro.

Être « normal » pendant un an… sous l’identité des frère et sœur Satou, le duo va tenter de remplir cette mission qui s’avère plus difficile qu’ils ne l’imaginaient. À part son boulot, Fable ne s’intéresse qu’à Jackal, un acteur comique de troisième zone qui fait des publicités.

Un humour pince sans rire et absurde – dû à la naïveté du tueur – apporte un décalage plaisant dans cette histoire centrée sur les yakuzas. On se souvient alors des marins de Charles Baudelaire moquant l’albatros qui se pose sur le pont du navire. Fable, le tueur à gages hors-pair, a du mal à vivre une vie normale.

Le trait de Minami est précis et réaliste. Il détaille chaque scène en un nombre de cases important donnant un rythme assez lent à l’histoire, même dans les séquences d’action. À l’image de son héros, la narration est flegmatique et désabusée. Le héros devient de plus en plus attachant, en creux se dessine le mode de vie de la pègre japonaise. Le couple « faux frère et sœur » fonctionne bien sans (pour l’instant) mettre en place ne serait-ce que le début d’une histoire d’amour. Affaire à suivre, assurément.

La série (terminée au Japon) compte vingt-deux tomes, deux tomes sont déjà disponibles en France. On pourra croiser cette lecture avec La voie du tablier le manga de Kousuke Oono qui plonge le personnage mythique du yakuza dans le rôle de « femme au foyer ».

Emeric Cloche

Katsuhisa Minami, The Fable, traduit du japonais par Djamel Rabahi pour Pika édition, 2021