Il y a une phrase qui dit que le silence après Mozart c’est encore du Mozart. L’adage fonctionne aussi avec Stephen King.
Je m’explique. J’ai toujours la même sensation après avoir lu un bon Stephen King (oui, j’en ai arrêtés quelques-uns en cours de route), une envie de continuer à en lire. Il me faut un ou deux jours, voire plus, pour me replonger dans un autre bouquin. King sait prendre sa lectrice et son lecteur par la main et les emmener avec lui. Il a des techniques, bien sûr (il faut d’ailleurs lire Écritures, mémoire d’un métier), et parfois elles se voient un peu mais qu’importe… King est un conteur, de ceux qui vous entraînent loin les soirs de veillée au coin du feu.
Si L’Institut n’est pas aussi méchant que Revival – c’est plutôt un gentil King quoi que beaucoup moins gentil que Joyland – il est féroce et votre petit cœur va se serrer. Le livre parle d’enfants doués de pouvoirs spéciaux et de la façon dont l’institut tente de les exploiter. À la différence de L’Outsider (Cf. critique dans L’Indic n°36) vous êtes tout de suite plongé dans le fantastique. Une fantastique léger, à la King. Attention, la cruauté est cependant au rendez-vous (chez les adultes bien plus que chez les enfants) et vous prendrez quelques coups.
Plusieurs thématiques sont abordées (dont la récurrence kingienne de l’enfant doué de pouvoirs spéciaux), la principale étant la façon dont on finit par accepter les pressions sociales pour ne pas (trop) souffrir, du côté des bourreaux comme des victimes.
Comme dans Ça, Stephen King arrive à faire revivre l’enfance en prenant un autre chemin que ceux empruntés dans Charlie. Un très bon cru pour le Balzac de notre siècle.
Emeric Cloche
Stephen King, L’Institut, traduit de l’anglais (USA) par Jean Esch pour Albin Michel, 2020, 601 pages, 24,90 Euros.