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Somb de Max Monnehay

Somb de Max Monnehay

« L’homme assis face à moi avait l’oeil vide, la peau grise et les lobes d’oreilles en escalope de veau. » La première phrase de Somb de Max Monnehay annonce un ton qui ne se dément pas tout au long du livre. Aucune révolution du polar n’est à l’oeuvre, les canons du genre balisent le chemin. Mais la composition des personnages alliée au décor de bord de mer donne tout son intérêt au roman.

Victor Caranne raconte cette histoire à la première personne. On découvre la femme qu’il rejoint le soir dans sa maison sur la falaise, son travail de psychologue à la prison de la Rochelle, avant qu’un cadavre soit retrouvé sur la plage et vienne tout bouleverser. Son vieil ami Jonas Somb arrive alors dans le paysage, et la relation entre ces deux-là semble complexe. Caranne et Somb font partie des rouages du crime. Les flics Babiak et Baccaro, et la jeune Maddie, fille de Somb, achèvent de composer un tableau tout en ambiguïté. De celle qui empêche le lecteur d’avoir des certitudes ou de deviner la direction que va prendre l’enquête.

La tension psychologique, portée par des duels de caractères, rythme Somb. Il faut à la fois explorer le passé, les relations familiales et les sentiments humains pour comprendre ce qui pousse au crime. L’autrice joue sur les apparences et dissimule habilement la vérité. Peut-être un peu trop artificiellement, mais le drame a vite fait d’emporter le lecteur fasciné par les forces en présence. Marcus, le taulard en réinsertion, quasi adopté par Caranne, incarne ainsi la punition et le pardon qui agitent nos rapports humains. Somb pose l’éternelle question du jugement et de la culpabilité, sous-tendue par la compréhension de la mécanique du crime.

Caroline de Benedetti

Max Monnehay, Somb, Seuil, 2020, 18,50 euros, 295 p.

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