Laisse pas trainer ton fils de Rachid Santaki propose l’exploration d’un fait divers. Roman enquête ou docu-fiction, il rejoint le roman noir, dont le propos éclaire les dessous de notre société en mettant en lumière les mécanismes et champs de force qui conduisent au drame.
« Notre société était devenue une téléréalité. Nous étions orientés par des algorithmes et les plus jeunes vivaient déjà dans ce nouveau monde ».
Lire Laisse pas traîner ton fils c’est comprendre l’enchaînement qui a conduit au lynchage d’un jeune homme par trois autres. L’enquête menée par l’auteur s’attache à suivre le parcours de Sofiane. L’adolescent a filmé et diffusé les scènes de tabassage et de torture sur les réseaux sociaux. Le fait divers, aussi violent soit-il, devient une base de travail. Choisir de se pencher sur les « bourreaux » n’est pas si simple, surtout dans le cas d’un crime sensationnel. Mais cela est nécessaire.
« Tu sais, je ne sais pas si tu as changé d’avis sur ton projet de livre mais tu n’est pas du bon côté. »
Se dessinent alors des personnages et un décor – ce que l’on appelle « les quartiers » – avec, en musique de fond, l’évolution de la culture hip pop et des mœurs de la jeunesse. Le rapport à l’image des nouvelles générations n’est plus le même. Les rappeurs, les films, les vêtements, les codes, la façon d’écouter la musique, tout change très vite. Ce travail de fond permet aussi à l’enquêteur de faire un point sur son parcours et ce qu’il est devenu.
Pour écrire ce docu-fiction Rachid Santaki utilise un style qui oscille entre le langage soutenu et le langage parlé. Le mélange dégage une sincérité et un propos sur la violence et l’évolution des banlieues. Nous reparlerons plus en détail de cette lecture importante dans la prochain numéro de L’Indic.
Emeric Cloche
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