Deuxième roman du 87è District, Le Sonneur affirme le style concis de l’auteur. Il sait aussi se faire évocateur et violent sans jamais tomber dans l’outrance.
Le Sonneur s’ouvre sur une métaphore de la ville décrite comme une femme. Les femmes sont au coeur de cet opus mettant en scène les flics du 87e District. L’auteur décrit chacune d’elle selon son habillement et son physique. La beauté a son importance. Mettant en avant ce que l’on voit ou ce que l’on demande aux femmes dans la société… mais aussi – sans que cela soit forcément conscient – dans un roman. Le livre brosse rapidement quelques portraits, dont celui de l’enquêtrice Eileen Burke, une femme flic qui travaille avec l’équipe du 87.
Les techniques de police scientifique sont encore une fois abordées sans que cela soit rébarbatif. « On confie un éclat de verre au laboratoire de la police et les techniciens établissent d’après ce fragment, la marque de la voiture que le suspect conduisait, la date à laquelle il l’avait lavée pour la dernière fois, les États qu’il avait traversés et même s’il avait déjà peloté des filles sur la banquette arrière. » Nul doute que les années 50 sont passionnées par la science et la modernisation. Nous avons même le droit à trois pages sur la fabrication des lunettes.
Année 50 aussi pour certains traits d’humour plus ou moins maladroits et clichés. « Certes, il y avait une bonne empreinte de pouce sur un verre de lunettes retrouvé près du corps, mais il est hélas aussi difficile d’identifier un suspect à partir d’une seule empreinte que de dévoiler une femme arabe ».
On n’est pas ici avec Sherlock Holmes ou Miss Marple : pas de grand raisonnement, ni de déduction géniale. La résolution – les résolutions, Le sonneur contient trois enquêtes dont deux menées de front – découle d’un simple indice et d’un coup de chance ou encore d’une déduction fort simple. Les criminels ne sont pas hors-norme, ils sont les produits de la société dans laquelle ils vivent.
Notons au passage que pour cet opus, Carella (absent pour cause de lune de miel) ne revient qu’à la toute fin donnant dès le deuxième roman un effet de série.
Emeric Cloche.
Ed McBain, 87e District, intégrale volume 1, Les Presses de la Cité, collection Omnibus, traduction révisée, 2020, 862 pages, 28 Euros. The Mugger (1956) est paru sous le titre Le Sonneur à la Série Noire n°370 en 1957, traduit par Jean Rosenthal. Le livre a donné lieu à une adaptation cinématographique, The Mugger de William Berke en 1958.
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