« – Ils ont leur carte d’identité tatouée. Des étoiles, des dômes, ils ont le corps recouvert de leurs exploits. Les voleurs dans la loi sont issus d’une fraternité née dans les goulags dans les années 1930, la libéralisation de l’économie russe après la chute de Mur leur a permis de prendre un nouvel essor. »
Voici un premier roman chez Filature(s), une maison d’édition à suivre, chez qui nous avions aimé le roman de Rachid Santaki. Martin Gouesse est journaliste et rédacteur en chef de Télématin. Il raconte dans Le silence des pères une histoire de famille autour d’un office de notaires, et met en scène deux frères dont l’un est journaliste. Vous croiserez là des douaniers surveillant un trafic, un petit journal régional, un terrible accident de vélo et les « Vor V Zakone », les voleurs dans la loi… tous ces éléments mènent à un drame rural qui n’aurait pas déplu à Georges Simenon, ou au duo Boileau-Narcejac.
Martin Gouesse construit son histoire en chapitres courts, agencés comme les pièces d’un puzzle dessinant une enquête dans une ambiance rurale. La violence des Hommes est cœur du roman. Franchir la frontière entre la légalité et l’illégalité ne se fait pas sans risque. L’humanité ne partage pas la même vision du monde et la vie n’a pas la même valeur selon l’endroit où vous êtes né. Ajoutez à cela les démons de chacun, un passé violent, le jeu, la fuite… et vous obtenez un roman noir.
Une question demeure, une fois toutes les pièces du puzzle assemblées. Martin Gouesse a-t-il d’autres histoires sous le coude ? Si la réponse est oui, nous sommes preneurs.
Emeric Cloche
Martin Gouesse, Le silence des pères, Éditions Filature(s), 2021, 173 pages, 18 Euros.