Celles et ceux qui nous lisent connaissent notre goût du polamour. Faut-il le rappeler, le polamour c’est quand le rose s’invite dans le noir. William Bayer, Vicki Hendricks ou encore Dominique Forma en sont de bons exemples. Cela donne des histoires fleur bleue électrique. La voix du lac de Laura Lippman s’inscrit dans cette lignée.
Elles s’appellent Maddie et Cléo. L’une divorce pour revenir à ses rêves de jeunesse. L’autre raconte l’histoire de sa mort, à la première personne, comme toutes les autres voix du roman. Au cours d’un repas, Maddie, 37 ans, décide de changer de vie. Elle quitte son mari et son fils, une vie sans accroc. Elle se met en tête de devenir journaliste. Le courrier des lecteurs ne lui suffisant pas, elle enquête dès qu’elle peut.
« Monroe avait trente-six ans à sa mort. C’est juste avant ses trente-sept ans que Maddie avait décidé de vivre. »
Nous sommes à Baltimore dans les années 60. Maddie raconte une époque, une ville qui change, le racisme et la position des femmes. Elle a beau être la narratrice, Laura Lippman n’en fait pas un personnage sympathique. Son caractère égoïste apparaît, à travers le regard des autres. Car chaque personnage croisé par Maddie livre une tranche de vie et donne de l’ampleur au récit.
Et puis il y a Cléo, une jeune noire, entraîneuse dans un bar, jolie, convoitée, mal vue. Est-ce Cléo, le cadavre retrouvé dans l’eau ? L’enquête de Maddie dévoile à la fois son passé et l’histoire de ces deux femmes qui souhaitent vivre leur vie comme elles l’entendent. Laura Lippman tient son propos avec force et simplicité, sans rien d’ostensible, et on se régale.
Caroline de Benedetti
Laura Lippman, La voix du lac, Actes Noirs, traduit par Hélène Frappat, 400 p. 22,80 euros