« La fille dans la tour de Katherine Arden est le deuxième tome de la trilogie Une nuit d’hiver, mais peut se lire indépendamment », dit la 4e de couverture. Dont acte. L’histoire de la jeune Vassia dans la Rus’ médiévale possède le souffle des grandes aventures. Elle s’apprécie sans rien connaître du tome précédent, L’Ours et le rossignol.
Le plus souvent, le roman initiatique a pour héros un jeune garçon. La recette a fait ses preuves. Katherine Arden met en scène une héroïne qui veut échapper à son destin. Vassia est une jeune fille de bonne famille vouée à rester cloîtrée dans une tour. Comme sa sœur Olga. Mais elle préfère découvrir le vaste monde. Peut-être doit-elle son tempérament à sa perception de la présence des tchiorti, ces esprits du folklore russe. Sorcière, disent certains. « Se marier. Ou devenir nonne. Ou mourir. Voilà ce que signifiait être une femme. Qu’était-elle, alors ? »
Une légère magie colore ce roman. Et la neige. Morozka, le roi des glaces, ou roi de l’hiver, en est le maître. Il noue une étrange relation avec Vassia. Mais ce monde de merveilles, païen « va avoir une fin. Un jour. » Les Dieux nouveaux arrivent. En attendant, les forces contraires s’affrontent. Une horde de brigands pille les villages, et le grand-prince de Moscou est menacé. La trame de l’histoire ne surprend pas toujours. Mais quand l’autrice décrit les éléments, la nature et l’invisible, le roman trouve toute sa force. Les personnages y évoluent et convoquent un imaginaire de batailles et de complots. Il ne faut se fier à aucun visage séduisant, jusqu’à la fin.
La fille dans la tour forme un récit à part entière, qui prend pied dans la vaste histoire de la famille de Vassia. Certains indices laissés ici ou là trouveront leur explication dans le dernier tome, L’hiver de la sorcière. Et assurément, tout cela donne envie de lire la suite.
Caroline de Benedetti
Katherine Arden, La fille dans la tour, 2019, Denoël/Lunes d’encre, traduit de l’anglais par Jacques Collin, Folio/SF 2021