« Au secours ! Mon mari va me tuer ! Venez, vite ! Il me poursuit ! »
Emma Coulon vient d’appeler la gendarmerie à l’aide. Elle est retrouvée inconsciente, le visage tuméfié. Son mari, Michael Coulon, est un notable qui emploie beaucoup de monde dans la région. C’est aussi le principal suspect dans l’agression dont a été victime Emma. Après une courte enquête les conclusions sont sans appel : « Adultère suivi de violences conjugales ». L’affaire est simple, tout est sous les yeux de l’adjudant Gérardin et pourtant… le procureur n’est pas de cet avis.
Si le titre ne laisse aucun doute sur le sujet (nous sommes dans un roman noir et social), l’histoire est plus complexe qu’on ne pourrait le penser. Les ramifications de la violence sont profondément ancrées dans le passé. Et les gens qui ne sont rien est une enquête de gendarmerie quasi procédurale au rythme particulier et attachant, avec pour décor les hautes Cévennes. C’est aussi, mine de rien, une analyse psychologique et sociologique des mécanismes en œuvre dans les violences faites aux femmes et la vie en milieu rural. Un fort beau et bon roman sur les secrets, les non-dits, la violence et la vengeance. Christophe Nicolas est un auteur à suivre, assurément.
Emeric Cloche
Christophe Nicolas, Et les gens qui ne sont rien, Argyll Éditions, 2023, 308 p., 21, 90 €