Là où se trouve l’argent, on trouve aussi le crime. Le monde de l’art, avec ses œuvres, génère des sommes parfois colossales. Les romans policiers ne manquent pas sur le sujet. Trente grammes de Gabrielle Massat utilise ce milieu de façon originale.
« Yannick Gallard a trente-deux ans et demi, il est en train de mourir et tout va très bien. C’est vrai, quoi. Ça aurait pu être pire. » La première phrase de Trente grammes donne le ton. Yannick subit une tentative d’assassinat par absorption massive de paracétamol. Il survit, pas son foie. Voilà une variante du héros dépressif et alcoolique : le héros qui va mourir faute de greffe.
Mais il va lui falloir démêler les raisons de cet acte, et découvrir le coupable. Yannick est intermédiaire dans le monde de l’art. Il vit avec Phoenix, un tueur à gages dont il est fou amoureux. Tous les deux travaillent pour un truand russe, Aslanov. L’équipe compte comme il se doit une faussaire, Darya, et la police est à leurs basques, à travers le personnage de Sonia Boussaïdi. L’autrice pousse l’intrigue au maximum, mêlant les rivalités et trahisons des malfrats à l’enquête de la PJ et de l’OCBC (l’Office Central de Lutte contre le trafic de Biens Culturels, comme dans la série L’art du crime).
Le roman atteint son but grâce aux personnages. Le couple Yannick/Phoenix a du charme, dans sa complicité et ses fêlures. L’histoire n’aurait rien perdu à être moins rocambolesque et chargée en péripéties. Mais son ton et son rythme donnent au lecteur la sensation de faire partie de l’aventure. Sans compter la présence de quelques peintres et œuvres pour parfaire vos connaissances.
Caroline de Benedetti
Gabrielle Massat, Trente grammes, éditions du Masque, 2021, 20 €, 437 p., éditions Points, 2022