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Le murmure des Hakapiks de Roxanne Bouchard

Le murmure des Hakapiks de Roxanne Bouchard couverture phoque banquise

Le polar, comme toute littérature, prend sa dimension quand il gratte là où ça fait mal. Non pas dans un étalage de violence, mais en insinuant le doute, en déjouant les idées reçues, et les attentes du lecteur.

Roxanne Bouchard la québécoise a trouvé son public en deux romans et quelques séjours dans les festivals français, emmenant son sourire éblouissant dans ses bagages. Avec Joaquin Morales, son flic mexicain, qu’il faut désormais compter dans la famille des enquêteurs du polar.

Maintenant que le lecteur connaît Joaquin et son monde, son fils Sebastian, la psy Nadine, l’adjoint Lefebvre, que déjà deux cadavres ont occupé les premiers romans, et que dans une si petite superficie (autour de 20 000 km2) va-t-en balancer du cadavre à tours de bras… Maintenant, c’est à dire au troisième roman, il fallait bousculer le schéma. Mission accomplie. Pas de cadavre pour débuter l’histoire, ni d’enquête policière au long cours.

Le murmure des hakapiks quitte la terre de Gaspésie. D’un côté, Simone Lord embarque en mission pour Pêches et Océans Canada. A bord du Jean-Mathieu, elle contrôle l’abattage des loups marins (les phoques) avec une équipe de pêcheurs. De l’autre, Joaquin « divorcé de l’amour » et de sa femme, part en croisière et trouve secours dans Cent ans de solitude. Il ne faut pas en dire plus. Les deux récits naviguent en parallèle ; vous pensez savoir ce que réserve cette histoire de pêche : que nenni.

Roxanne Bouchard trouve ici un bel équilibre entre tension et émotion. Avec un soupçon d’humour en moins, et encore plus de profondeur. Et là : hakapiks au coeur !

Caroline de Benedetti

Roxanne Bouchard, Le murmure des hakapiks, L’aube noire, 2024, 19,90 €, 304 p.