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Combats de filles de Rita Bullwinkel

Combats de filles de Rita Bullwinkel

La boxe inspire la littérature, souvent pour le meilleur. Combats de fille de Rita Bullwinkel n’est pas passé inaperçu, comme l’indique le fameux bandeau rouge. C’est un premier roman, et une surprenante mise en scène de la boxe.

Il faut dire un mot du dispositif. Un tournoi, 8 boxeuses, 7 combats, 7 chapitres. L’autrice livre ainsi des bouts de la vie de ces huit jeunes filles, tout en laissant apercevoir ce que sera leur vie d’adulte. Rita Bullwinkel défocalise les situations, les combats, les vies et leur donne une autre dimension, parfois presque fantastique.

Elles s’appellent Rose, Tanya, Iggy, Ziggy, Artemis, Andy, Kate, Rachel. Certaines ont traversé l’Amérique pour arriver au Boxing Palace de Reno, Nevada. Elles sont reliées par leurs corps qui se touchent et s’affrontent. Il en est bien sûr question, des corps, de leurs corps qu’elles doivent entraîner, et de ce qu’on attend de ces filles, comme de toutes les autres.

« Elles ne s’impressionneront qu’entre elles : entre femmes qui essaient de s’atteindre avec leurs poings. »

Elles font de la boxe, mais elles pourraient aussi bien suivre des cours de peinture ou apprendre le solfège. Ce qui compte, ce sont les rêves et les trajectoires. Il y a celle obsédée par la mort d’un petit garçon à la piscine, celle qui aime les chapeaux, celle qui pense tout en termes de chiffres, celle qui veut être une légende. Mais surtout elles « se battent pour les mondes qu’elles se sont construits. »

« Rose Muller boxe comme une bétonnière qui déchargerait son contenu pour couler les fondations d’un immeuble, se dit Izzy Lang. »

On a très envie de parler d’uppercut au sujet de ce roman, ce qui est aussi facile que de qualifier un western de crépusculaire. Combats de filles est surtout profondément émouvant et réflexif. Savoir qui gagne ou qui perd importe peu. Le combat y est une danse des corps et de l’esprit, celui du lecteur tout entier sollicité. Le livre se referme en laissant des fragments d’images inoubliables. Bravo les filles.

Caroline de Benedetti

Rita Bullwinkel, Combats de fille, traduit de l’anglais par Hélène Cohen, La croisée, 2025, 22 €, 192 p.