Comment sera le détective du futur ? Sur Luna, Christopher Bach de l’agence « Sherlock & Bach Enquêtes privées discrètes » incarne une réponse : un fan des films et romans noirs de la vieille terre, habillé d’un trench-coat et feutre sur la tête. De plus, son bureau est placé dans une rue copiant le New-York des années 30 (du vingtième siècle, précisons-le). Son associé, quant à lui, possède un flair d’exception. Normal vu qu’il s’agit d’un chien cybernétiquement augmenté. Une mystérieuse femme vient leur proposer une affaire. Le duo va devoir remonter la piste jusqu’à Irontown, un nom générique pour désigner les bas-fonds de Luna, mais pour Bach c’est surtout un lieu qui lui rappelle de bien mauvais souvenirs.
Il a su se faire attendre, ce nouvel épisode de la saga des huit mondes : seize ans depuis l’excellent Système Valentine. On retrouve les ingrédients habituels : Disneylands, mafia charonnaise et autres Heinleinistes. Varley étant un grand fan de Robert Heinlein. On notera d’ailleurs que le duo homme-chien augmenté est une idée que l’on trouve à l’état d’ébauche dans Starship Troopers. On s’amuse beaucoup dans ce récit qui fait le choix d’un mélange des genres et d’une double narration : d’un coté Bach, héros varleysien classique et ses clins d’œil aux romans noirs, de l’autre Sherlock, parlant le « chien » (heureusement une traductrice est là pour annoter son récit), son intérêt pour toutes les odeurs, son manque total de modestie et un humour omniprésent. Même si on n’a pas à faire ici au meilleur roman de Varley et qu’une lecture précédente de Gens de la lune ne sera pas superflue, ce Blues pour Irontown mérite le détour.
Sylvain Laborieux
John Varley, Blues pour Irontown, Denoël Lunes d’encre, 2019, traduit de l’américain par Patrick Marcel, 272 p., 21,90€