Voilà un roman réjouissant. À offrir. À recommander. À garder au chaud pour une triste journée d’hiver. Choux et néons de Jonathan Bay c’est la promesse d’un voyage en compagnie d’esprits farfelus.
Il s’appelle Capitaine Silver. Il vit dans un immeuble en face d’un pont où le métro passe chaque matin à 4h37 et fait trembler l’appartement et son contenu. Le plaisir de Silver, c’est d’attaquer le métro en lançant un chou sur la cabine du conducteur. Pirate moderne. Si cette situation de départ ne vous fait pas un peu sourire, sans doute devez-vous passer votre chemin.
« Capitaine Silver observait la rue en balançant sa longue-vue de gauche à droite à la manière d’un trompettiste qu’une mouche emmerde. »
Un pirate n’est rien sans son équipage. Il faut compter avec les hommes de main Glük et Glûk. Avec le fils qui rêve devenir comptable, avec Quelqu’un, le perroquet devin, et M’ma Ravioli dont le resto sert de stockage aux marchandises volées. Tout ce petit monde va s’agiter autour du braquage d’une cargaison de sèche-cheveux, comme dans les meilleurs romans de Donald Westlake. Il y a du Dortmunder chez Silver, c’est sûr. Pas la pire des parentés. Mais Jonathan Bay est français. Son roman évoque des images de films américains, pourtant Silver écoute Radio France Inter. L’histoire se déroule dans une ville jamais nommée, mais dans une fédération où un building est attaqué par un avion. Je vous laisse lire l’entreprise de défense de l’espace aérien menée par Silver à l’aide d’un caddie et de ses choux.
Attention, la légèreté apparente ne doit pas dissimuler deux choses : l’écriture de l’auteur, et la poésie qui se dégage du tout. Il y a de la tendresse et beaucoup d’humanité dans Choux et néons, bref, de l’émotion.
En faisant une petite enquête on trouve quelques infos sur l’auteur. Après une prépa à Strasbourg et des études de droit, il est maintenant juriste, mais aussi éditeur. Choux et néons est son premier roman, publié par les nantaises éditions Bouclard. Une belle trouvaille.
Caroline de Benedetti
Jonathan Bay, Choux et néons, Bouclard, 2022, 208 p., 15 euros