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Beyrouth Forever de David Hury

Beyrouth Forever de David Hury

David Hury est journaliste, romancier et photographe. Il a vécu 18 ans à Beyrouth et signe avec Beyrouth forever son arrivée aux éditions Liana Levi. Son roman d’enquête offre un portrait clair du Liban d’aujourd’hui. Parfait pour compléter la trilogie de Frédéric Paulin.

En septembre à Beyrouth, le commissariat ronronne au son d’antiques PC et de ventilos. Marwan Khalil a tout du flic tenace, auréolé de succès, vieux complice du commissaire avec qui il a fait la guerre. Mais Khalil est aussi proche de la retraite, et en froid avec sa fille partie vivre en France. Alors, il se trouve bousculé quand on lui colle, à lui le maronite, une jeune recrue chiite et voilée, Ibtissam Abou Zeid. Il flotte un parfum de roman noir américain sur Beyrouth Forever.

L’inspecteur a dû troquer ses Marlboro contre des Cedars, à cause de la dégringolade de la monnaie libanaise. Il n’y a plus de mazout dans les cuves, donc pas d’électricité ni d’eau chaude et surtout de clim’. « La République des cuves à sec, voilà ce qu’est devenu le pays ». C’est aussi par des odeurs, de petites anecdotes (les taxes sur les communications internet, le drapeau libanais), que l’auteur donne au lecteur la sensation d’y être.

« Il ne quitterait le Liban pour rien au monde, même si plus rien ne fonctionne dans ce pays où seuls les nouveaux riches rotent le miel et le lait. Marwan lui a donné un genou, sa carrière, sa dignité. »

Khalil et Ibtissam enquêtent sur la mort d’une vieille enseignante. Le vieux blasé et la débutante toquent à la porte de suspects, dévoilant une société corrompue et divisée. La morte travaillait sur un mystérieux manuscrit scolaire aux axes historiques sulfureux. La mémoire est un sujet sensible dans ce pays complexe, où « il y a autant d’opinions que de Libanais ».

David Hury signe un roman à la fois classique et très fort en ambiance. Beyrouth forever est écrit sur l’affiche collée sur un immeuble. À la fin de l’histoire, Marwan en aperçoit les lettres « rever ». Toute la question est là : parvenir à solder les comptes, affronter sa conscience, et peut-être donner et retrouver l’espoir.

Caroline de Benedetti

David Hury, Beyrouth Forever, Liana Levi, 2025, 304 p., 20 €