L’étiquette polar rural va et vient au rythme de la mode. Le polar, depuis ses débuts, ne se vit pas uniquement à la ville et certains ouvrages sont totalement ancrés dans le pays où le drame se déroule. Les Loups de Babylone est indissociable du Tarn, de Millau et son viaduc, des grands causses et de celles et ceux qui foulent le sol de ces grands espaces.
L’adolescent, Esteban, habite là, sur une terre difficilement cultivable. Il vit au sein d’une communauté de « babos » ou de « hirsutes ». Des anciens du Larzac qui accueillent parfois des nouveaux de la ZAD. Il y a aussi « Cass » la fille « placée » chez le couple qui tient la station service. La gendarme Sophie, elle, vient de prendre ses marques, fuyant (à l’image du personnage classique de roman noir) un passé qu’elle tente de laisser derrière elle. Et il y en a d’autres que vous découvrirez petit à petit. Leurs vies s’entrecroisent. L’histoire est addictive et le mystère de la disparition d’une jeune file de 22 ans s’épaissit au fur et à mesure que l’on apprend à connaître les protagonistes de l’histoire.
L’orage plane, les oiseaux de proie tournent dans le ciel. Le Mal se tient en embuscade, pas forcément là où on le pense, ce serait trop facile. Anne Percin signe un livre qui évite les effets tape à l’œil, plante un paysage inoubliable et suscite l’émotion, un régal. On attend les prochains ouvrages avec impatience.
Emeric Cloche
Anne Percin, Les loups de Babylone, La Manufacture de Livres, 2024, 333 pages.