Le nouveau roman de Dominique Sylvain est bâti sur un socle solide et classique. Un truand s’évade de prison grâce à sa fille, son évasion réveille la souffrance d’un flic reconverti dans la sécurité d’un hôtel. Sa collègue n’a pas la chance de pouvoir réagir, plongée dans le coma depuis qu’ils ont tenté d’arrêter ce fameux Karmia. Le duo de flics n’est plus qu’une chimère, un corps amputé qui laisse la place à une sorte de justicier solitaire fracassé.
L’autrice entre en oeuvre avec sa patte toute personnelle. L’écriture de ses personnages ne suit pas de ligne convenue. Difficile de percevoir si un héros se dessine dans cette traque. Schrödinger l’ex-flic ? Il n’est pas plus admirable que Karmia, pour qui tout s’obtient par la force. Autre élément de trouble, un récit entre onirique et fantastique se glisse dans le déroulement de l’histoire. Qui est ce personnage en quête de son identité dans un monde étrange ? Voilà la vraie question du roman. Si le flic accomplit sa vengeance, plutôt attendue, si le truand suit son chemin tout tracé, la jeune Nico provoque la surprise. Jeune femme de son temps, fille de truand, youtubeuse, militante de l’environnement… Elle devra aller à l’essentiel pour trouver sa voie.
L’aventure de cette évasion est pour Nico comme pour Schrödinger l’occasion de faire un pas décisif dans leur vie. Sur leur chemin, quelques rôles secondaires les accompagnent et l’autrice leur réserve un sort inattendu. Avec Barbara, la patronne de la sécurité du palace, on pressent même le potentiel pour un autre roman, une autre histoire de femme.
Imaginez une photographie dont le sujet véritable se révèle au fur et à mesure que votre regard s’affine. Une femme de rêve fonctionne ainsi. La philosophie s’invite aux côtés du thriller et du roman noir.
– Une autre critique chez Ma collection de livres –
Caroline de Benedetti
Dominique Sylvain, Une femme de rêve, 2020, 19 euros, 304 p.
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