Par ces temps confinés, replongeons-nous dans une chouette archive que vous aurez peut-être la chance d’avoir dans vos étagères.
En 2009 grâce à une chronique de Claude Mesplède, je débusque d’occasion ce roman de l’américain Fred Willard paru en 1999 chez Fleuve Noir. Sur la 4e de couverture, le prix est écrit en euros et en francs (59 FRF).
Verdict : 350 pages en état d’hallucination et de dépendance. L’auteur a commis un autre roman, pas traduit en Français, et depuis silence radio… Dommage !
Quand le Dortmunder de Westlake (pour le côté gangsters sympathiques) rencontre les dialogues vifs des premiers Tarantino, ça donne une grosse poilade. De celles qui tirent une larme joyeuse.
Samuel Fuller, gangster retiré du circuit pour cause d’affaire qui a mal tourné, est extirpé de sa retraite tranquille lorsqu’on vient lui commanditer un meurtre. Et là, cascade de portraits de tarés, entre Bug sorti de l’hôpital psychiatrique, Lloyd en fauteuil roulant, Bob avec sa gueule moitié arrachée qui croit perpétuellement que ses fringues brûlent, et Charley apprenti chef gangster. Voilà l’équipe en train de monter un plan pour escroquer une bande de trafiquants de drogue.
Histoire banale au pays du polar. Intervient l’excellent travail de l’auteur, qui ne manque pas de mêler à l’humour quelques coups bien sentis, comme dans cette scène lors d’une manifestation anti-avortement :
« Une jeune rousse toute minuscule, les cheveux courts, la vingtaine, parcourait l’arrière de la foule avec à la main une boîte en carton blanche.
– Vous avez quoi là-dedans ? s’enquit Charley.
Elle leva vers lui un regard triste et vert et tendit le carton vers nous. Il contenait un fœtus mort, qui paraissait presque à terme.
– Comment quiconque peut-il faire une chose pareille ? demanda-t-elle.
– Quoi ? Mourir recroquevillé dans un carton ? C’est pas dur. Suffit qu’il fasse assez froid, dit Charley. »
Caroline de Benedetti
Fred Willard, Ketchup Karma, Fleuve Noir, traduit par Nathalie Mège, 350 p. 8,99 euros