Nous étions sans nouvelles de Klemet (Nango) et Nina (Nansen) depuis 2016 et La montagne rouge. Ces deux-là provoquent le même effet d’addiction que Longmire et Vic (Craig Johnson), ou Havers et Lynley (Elizabeth George). Les chiens de Pasvik d’Olivier Truc signe donc le retour du duo, un retour attendu, et ils sont toujours comme chien et chat.
L’auteur renoue avec ses sujets, l’élevage des rennes et la survie des Samis aux prises avec les frontières. Cet opus se déroule sur les bords de la mer de Barentz, entre Norvège et Russie. Les romans d’Olivier Truc tirent une partie de leur force du décor Lapon. Les paysages, la sensation de froid à chaque page, mais aussi la fine des descriptions des rudes conditions de vie, provoquent un grand dépaysement. Sans doute accentué, en cette période confinée. Se retrouver avec une vieille chamane dans une maison décrépie de Teriberka revient un peu à atterrir sur Mars.
« Ces vieilles vivaient dans un autre monde. C’est peut-être pour ça que le vent du nord n’arrivaient pas à les chasser. Elles étaient ailleurs. Physiquement ici, mais leur âme se trouvait là où le vent du nord ne les atteignait pas. »
L’enquête est faite de fils entremêlés, autour du trafic de viande de renne. Elle renvoie comme souvent au passé (ici celui de la Grande Russie et de ses voisins) et aux obsessions des personnages. Klemet hésite toujours à marcher sur son ombre et à revendiquer son identité Sami. Nina porte la blessure du silence de son père. L’étrange Gretchko veut rendre leur honneur aux soldats disparus. Chacun poursuit sa quête, dans l’éternelle lutte des plus faibles face au rouleau compresseur capitaliste.
Caroline de Benedetti
Olivier Truc, Les chiens de Pasvik, Métailié, 2021, 432 p., 21 euros