Il n’y a pas de mystère. Chez Fondu Au Noir, on aime le mélange des genres. Avec Notre part féroce de Sophie Pointurier, nous sommes servis.
« Cette histoire commence avec les loups et se termine avec les loups. » Ajoutons à cette phrase de 4e de couverture que les premières pages ont un air de « narrative non fiction ». Une journaliste raconte son enquête sur le loup, et le harcèlement qu’elle a subi en retour. On pensera à Inès Léraud et Morgan Large menacées pour leur travail sur le monde agricole et les algues vertes. Pour Anne, l’échappatoire vient d’un autre sujet confié par sa rédactrice : un fait divers de 1981 – quatre jeunes en voiture ont pris en stop une Dame Blanche.
Un reportage inoffensif s’annonce, simple retour dans le passé à la recherche des protagonistes. Anne embarque trois femmes avec elle : sa mère épaulée par une amie alcoolique, et son adolescente de fille. Mais alors, et le loup ? Le loup s’invite comme métaphore, et comme bête féroce bien réelle. Le séjour qui devait ressembler à des vacances prend une tournure étrange et inquiétante. Les parents et les enfants affrontent les rancœurs familiales, les non-dits et les secrets. Il s’agit de grandir ensemble en affrontant le monstre.
Le monstre est le mot vite posé sur ce qui fait peur, et échappe à notre compréhension. Des femmes différentes, des femmes qui ne respectent pas les codes, par exemple. Notre part féroce leur rend hommage en mêlant modernité et légendes.
Caroline de Benedetti
Sophie Pointurier, Notre part féroce, Phébus, 2025, 19,90 €, 208 p.
