C’est l’histoire d’une jeune étudiante assassinée. À partir de ce crime trop ordinaire, l’autrice américaine construit un kaléidoscope. Rien ne pourra t’atteindre pose la question de la culpabilité, de l’oubli, et bien sûr de la place des femmes dans la société.
Le féminicide permet rarement de saisir ce qu’était la vie de la victime. Nicola Maye Goldberg n’essaie pas tant de rendre hommage à Sara, le jeune étudiante assassinée, qu’à observer les conséquences. Elles s’appellent Marianne, Katherine, Juliet, Gemma… La première découvre le corps de Sara, la deuxième tombe amoureuse du tueur en cure de désintoxication, etc. De la justice aux médias, comment gère-t-on la violence ? Le désir de vengeance ? Chaque femme du roman incarne une question morale. Douze chapitres, douze prénoms, douze vies.
Rien ne pourra t’atteindre se lit comme une suite de nouvelles. Elles contournent toutes les attentes. Le crime et l’enquête importent peu. Il y a bien un serial killer, mais ce n’est pas lui le coupable. L’identité du tueur ne reste pas longtemps un mystère. L’histoire n’en fait pas un parfait salaud, et ne nie jamais aux victimes leur statut. Le procédé donne de l’ampleur au drame, avec finesse et psychologie. Nicola Maye Goldberg vient gratter nos consciences, sans jugement. Mais, que penser d’une enfant de CP qui paie 10 centimes ses camarades de classe contre leurs dents de lait ?
« Il est plus facile de prétendre que les gens méritent leNicola Maye Goldberg vient gratter nos consciences, sans jugement. s choses terribles qui leur arrivent. »
Si vous nous suivez, vous avez déjà pu découvrir les éditions Le Gospel avec La Maison du diable de John Darnielle. Voici un autre excellent roman à leur catalogue.
Caroline de Benedetti
Nicola Maye Goldberg, Rien ne pourra t’atteindre, Le Gospel, 2025, traduit de l’anglais par Floriane Herrero, 22 €, 196 p.
