Joe Meno convoque les classiques : l’Homme, la nature et l’animal. L’histoire pourrait presque se situer dans l’Amérique des années 50, une Amérique figée. Mais le jeune Quentin joue à la console et cartonne à Donkey Kong. 1995. Son grand-père pourrait élever des vaches, mais il ne possède qu’un poulailler. La nuit il songe à sa femme morte, et à la guerre de Corée. La mère de Quentin se dissout dans la drogue. C’est un trio malmené, mal assorti, aux rêves à l’horizon limité. Le pick-up vieillissant ne les emmène pas plus loin que la petite ville dépeuplée de Mount Holly.
Il y a quelque chose de Cormac McCarthy dans l’ambiance de ce roman. Une façon de raconter des vies qui sombrent, et leurs soubresauts. Pour Quentin et son grand-père, la possibilité de changer de vie et de réveiller leurs ambitions prend la forme d’une jument étincelante, comme envoyée du ciel. Elle est un élément parmi d’autres, avec cette petite touche d’inhabituel, qui font la réussite de ce roman. C’est un conte, une réalité troublée. Dans Prodiges et miracles, chaque homme est à la poursuite d’une chimère et transfère ses rêves sur cette jument au pouvoir étrange. L’image de pureté qu’elle dégage les perturbe et les attire. Tous la convoitent, les frères voleurs, l’homme de main et l’adolescente fugueuse.
Hommes et animaux se confondent. Quentin voudrait élever des reptiles. Edward a fumé trop de crack et dans son délire il pense être en pleine métamorphose. Ces figures maléfiques sont poussées à bout, à la poursuite de la jument. Les prodiges, et des miracles, ne surgiront qu’après bien des obstacles. Le lecteur a vécu une drôle d’aventure.
Caroline de Benedetti.
Joe Meno, Prodiges et miracles, Agullo, 2018, traduit de l’américain par Morgane Saysana, 22 €, 384 p.
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