Après Somb, poursuivons la veine du « polar psychologique » avec The cry de Helen Fitzgerald. Le roman a été adapté en série par la chaîne BBC, et à la lecture de l’ouvrage on comprend qu’il a tout pour séduire un large public.
Premier ingrédient, le suspense, avec un élément redoutable : un bébé. Le couple formé par Joanna et Alister prend l’avion de l’Ecosse pour l’Australie, avec Noah, 9 semaines. L’introduction du roman montre le stress de la mère et la décontraction du père. Le portrait de chacun se dessine, entre la femme épuisée soucieuse de bien faire, et l’homme sûr de lui, déjà père d’un autre enfant.
Le drame survient sur la route vers leur maison de vacances, vous le découvrirez en lisant le roman (et surtout pas la 4e de couverture). Deuxième ingrédient : amour et passion. Joanna raconte sa rencontre avec Alister, amoureux attentif et hors du commun. D’autres personnages entrent dans la danse et complètent le tableau : Alexandra l’ex-femme d’Alister, et leur fille, Chloé. Elles incarnent le passé, la période australienne de l’homme au coeur de cette histoire.
Le rapport des trois femmes (Alexandra, Joanna et Chloe) à Alister est crucial. On peut y ajouter sa mère, qui lève un pan sur l’enfance du populaire communicant politique. Mais en Australie, le drame met à mal le couple idéal, les rancoeurs se dévoilent, la jalousie entre les deux femmes s’explique. L’autrice explore minutieusement les motivations de chaque protagoniste, et parle de façon plus large de maternité et de confiance en soi. The cry est aussi une histoire de femmes, sur les femmes. C’est à travers leur point de vue, additionné aux extraits du procès, que les apparences cèdent la place aux faits. La tension dramatique monte en puissance dans un récit habilement construit.
The cry d’Helen Fitzgerald se lit comme un fait divers. La pression médiatique, le jugement de l’opinion publique et le rôle de la justice forment la toile de fond d’une histoire de mensonges. Le foyer, comme souvent, se trouve être le lieu du crime idéal. Mais de quels crimes parle-t-on ? Bien malin qui pourra le deviner.
Caroline de Benedetti
Helen Fitzgerald, The cry, Les Arènes/Equinox, traduit de l’anglais par Alexandre Civico, 2020, 18 euros, 388 p.