En 2009 le mangaka Tetsuya Tsutsui (Prophecy, Noise…) découvre que son manga Manhole (trois volumes chez Ki-oon éditions) figure sur une liste « d’ouvrages nocifs pour les mineurs du département de Nagasaki » établie par un organisme subventionné par l’État japonais. Il décide alors de mener une enquête sur la façon dont fonctionne cet organe de censure.
Tetsuya Tsutsui utilise cette expérience pour écrire Poison City (deux tomes chez Ki-oon éditions). Sous la forme d’une légère anticipation, il parle de son travail de dessinateur et scénariste et des risques liés à la censure.
Poison City se déroule à l’approche des J.O. de 2020 à Tokyo. Le gouvernement japonais décide de donner une belle image du pays. Il met sous surveillance les citoyens et les arts. Jeux vidéo et littérature sont considérés comme potentiellement nocifs. Dans ce contexte particulier Mikio Hibino, un mangaka, écrit une histoire de contamination dans un style horrifique et dérangeant, avec un trait réaliste et précis. Un dialogue s’installe entre ce jeune dessinateur et Matsumoto un mangaka plus âgée qui a été victime de censure quelques années auparavant…
Poison City de Tetsuya Tsutsui propose mise en abyme et un récit dans le récit. L’auteur donne son avis sur une des problématiques majeures du manga, et plus largement de la fiction : la censure et l’auto-censure. De façon habile, il compare la situation avec celle des comics américains des années 40/50, eux aussi confrontés aux questions d’ordre moral.
Emeric Cloche
Tetsua Tsutsui, Poison City, manga en deux tomes traduits du japonais par David Le Quéré pour Ki-oon édition, 2015.